22 mars 2018

LIVRE PARIS | 2018

Depuis que je suis sur la blogo (5 ans !!) je voyais chaque année une pluie d'articles et de photos du Salon du livre de Paris, ou même de Montreuil, mais je ne pouvais jamais y aller. Parce que ma mère ne connaissait pas Paris, parce que ça ne la rassurait donc pas d'y aller, parce que j'étais trop jeune pour m'y rendre seule... des raisons un peu bêtes peut-être. Depuis des années j'en rêve, et cette fois-ci j'y suis enfin allée. Preuve qu’emménager à Paris a de bons côtés. J'y ai passé un week-end incroyable et je n'ai qu'une hâte, être en 2019 pour le refaire ! Mais entre deux, je compte bien découvrir le salon de Montreuil. Et oui, après un salon du livre de fait je suis déjà accro à ce genre d'événements !


J'y suis donc allée avec ma petite sœur, nous sommes arrivées samedi à midi, et avons fait un petit tour des stands avant d'assister à une première conférence sur la scène Young-Adult, intitulée La dystopie, une lecture du présent ?
Il y avait quatre auteurs participants: Vicent Villeminot (Les Pluies, également l'auteur de Réseaux et Instinct), Gilles Abier (Stéréotypes), Stéphane Michaka (Cité 19) et Neal Shusterman (La Faucheuse, également l'auteur de Les Fragmentés). C'était la conférence qui me faisait le plus envie, la dystopie ayant été mon tout premier genre préféré quand j'ai commencé à réellement lire, et c'est probablement la conférence qui m'a le plus plu. J'avais uniquement lu La Faucheuse, et les autres auteurs m'ont énormément donné envie de lire leurs livres (même si je connaissais déjà Cité 19, il ne m'avait jamais fait très envie), c'est le piège de ce salon, ma wish-list a pris un coup !
Nous sommes ensuite restées sur la scène Young-Adult pour la battle Les filles face au monde. Cette fois-ci aucun auteur, mais Tom Lévêque du blog La voix du livre, Pierrot de la chaîne booktube Le Mock, et Mathilde Effose journaliste chez Cosmopolitan. La battle a tourné autour des livres Nous les filles de nul part d'Amy Reed, La fille qui n'existait pas de Nathalie C. Anderson, et Moins que rien d'Yves-Marie Clément. J'avais entendu parlé des deux premiers et ils m'intriguaient déjà beaucoup alors ils sont désormais dans ma wish-list également. Je pense attendre la sortie de la version poche de La fille qui n'existait pas, et emprunter Nous les filles de nul part. Pour ce qui est de Moins que rien, je ne connaissais pas du tout et je pense que ça peut être une lecture très touchante et intéressante, à voir !

A 16h nous sommes parties aux dédicaces de Neal Shusterman. J'avais lu et vraiment bien aimé le premier tome de La Faucheuse l'année dernière et ai donc acheté le deuxième tome qui venait tout juste de sortir ! Je n'avais encore jamais fait dédicacer de livre à son auteur, donc c'était également une grande première pour moi et ça m'a rendue super heureuse ! Neal était très gentil et souriant, et son écriture vraiment très jolie comme tu peux le voir ci-dessous :


Nous avons ensuite assisté à une dernière conférence, toujours sur le stand de notre chère scène Young-Adult. Il s'agissait de celle de Nine Gorman, une booktubeuse que je regarde depuis des années et que j'étais donc très contente de voir en vrai, même si son livre ne me tente pas plus que ça, je l'emprunterai peut-être par curiosité. Le thème était donc les musiques qui l'ont inspiré pour écrire Le pacte d'Emma, ses goûts musicaux sont très chouettes et on sent bien que c'est une part vraiment importante dans sa vie. Ce qui est aussi très sympa c'est qu'on peut retrouver la playlist de son livre sur plusieurs réseaux, pour ma part j'écoute sur Spotify, mais elle est probablement également disponible ailleurs.

Le dimanche nous sommes arrivées un peu plus tôt, à 10h30 précisément puisque Diana Gabaldon était en dédicaces à partir de 11h30. Mais une heure avant, la queue était déjà immense ! En tout, nous avons attendu 3h, mais ça valait le coup puisque j'ai rencontré une autrice que j'admire énormément puisque je suis une grande fan d'Outlander (aussi bien de la série que des livres, même si je n'ai pour le moment lu que le premier tome).

 

La rencontre a été très courte malheureusement mais Diana était vraiment adorable et enjouée. Je pense que si elle revient en France, je serais prête à faire à nouveau 3h de queue pour la revoir ! Elle a donc signé le premier tome d'Outlander, à mon nom et à celui de ma mère, qui est aussi une grande fan de la série.


Nous avons ensuite beaucoup flanée entre les stands et certaines maisons d'éditions avaient vraiment fait de gros efforts, notamment Lumen qui avait un décor très joli, ou encore beaucoup moins connu le stand du manga Vatican miracle examiner où les personnes qui le tenaient étaient en tenue de moine et de nonne. Le salon du livre c'est aussi et surtout une sorte de librairie géante, ce que j'ai trouvé très exaltant ! Même s'il y avait énormément de monde, qu'on piétinait beaucoup et était un peu bousculées, je me sentais vraiment bien et heureuse dans ce monde de livres. 

Nous avons assisté à une dernière conférence, la battle Mauvais genre ? où étaient présentes Sarah Dahan, journaliste chez Konbini, Julia Robert, blogueuse de Allez vous faire lire, et surtout une youtubeuse que j'adore Mx Cordélia, que j'ai d'abord connu sur sa chaîne lgbtq+, mais qui a également une chaîne booktube que j'aime beaucoup ! Elles ont parlé des livres Les porteurs de C. Kueva, Qui suis-je ? de Thomas Gornet, et Libération Patrick Ness. Je n'en connaissais aucun avant le salon et ma sœur avait acheté Les porteurs la veille, finalement on a toutes les deux été pas mal déçues quand on a compris durant la conférence que le livre ne répondrait pas du tout à nos attentes (manque cruel de renseignement sur l'identité de genre de la part de l'autrice, mais également des romances très hétéro-centrées), je pense que j'attendrais que ma sœur le lise et je tenterai peut-être après elle quand même. Je suis surtout tentée par Libération et c'était donc encore une fois une conférence très chouette et intéressante !

Ma sœur et moi avons ensuite rencontré Anne-Laure Bondoux, qui est vraiment très gentille et souriante, on sent qu'elle aime énormément parler avec ses lecteurs.ices et j'en ai été ravie, même si je n'ai pas parlé très longtemps puisque je suis assez timide et que les auteurs.ices sont des personnes qui m’impressionnent beaucoup. Elle a donc dédicacé Tant que nous sommes vivants, dont j'avais beaucoup aimé la poésie, ainsi que L'Aube sera grandiose, qui est encore dans ma PAL.

 

Avant de repartir je tenais absolument à acheter d'autres livres, je me suis donc rendue aux stands de mes maisons d'éditions préférées et ai opté pour deux versions poches: Rebelle du désert d'Alwyn Hamilton, que j'avais repéré en VO depuis un petit bout de temps étant dingue des romans dont l'action se passent dans le désert, et Cité 19 de Stéphane Michaka, parce que l'auteur m'avait donné trop envie la veille lors de la conférence sur la dystopie. 



En bref, j'ai passé un week-end magique au Salon du livre de Paris, et j'ai même ressenti un petit vide le dimanche soir et le lundi. Et toi, tu y étais ? Si oui, n'hésites pas à me raconter ton expérience en commentaire !

12 mars 2018

L’Oeil de Chaac, un voyage palpitant au cœur du Guatemala

Couverture du livre : L'oeil de chaacAutrice: Emma Lanero
Edition: Gulf stream
Parution: Février 2016
Nombre de pages: 332
Résumé: "Fin du IXe siècle. Une sphère mystérieuse envoyée par Chaac, le dieu de la Pluie, déclenche des cataclysmes qui mettent fin à la civilisation maya et à ses sacrifices sanguinaires.
2005. Keith, un délinquant irlandais exilé au Venezuela, part à la recherche de cette sphère avant qu’elle ne tombe entre de mauvaises mains : celles de Gabriel Keane, un collectionneur véreux et narcissique, susceptible de déclencher une nouvelle fois la puissance destructrice de Chaac. Guidé par un ancien chamane, Keith voyage jusqu’au Guatemala en compagnie de l’intuitive et énigmatique Kaya, dans une quête initiatique dont les enjeux le dépassent. Une quête qui lui ouvre peu à peu les yeux sur les forces mystiques régissant la Nature."




Mon avis:
Fascinée depuis toute petite par la civilisation Maya, j'avais repéré ce livre un peu avant sa sortie et l'avais donc acheté assez rapidement, mais pour une raison que j'ignore voilà seulement qu'il sort de ma PAL. Même si je n'avais pas des attentes énormes, les livres sur cette civilisation étant rares, j'avais assez peur d'être déçue. Au final, L'Oeil de Chaac était passionnant, et fut une très belle expérience de lecture pour de nombreuses raisons.

Le livre s'ouvre sur une ancienne cité maya au IXe siècle, un enfant doit être sacrifié lorsqu'un cataclysme causé par une sphère magique s'abat sur le peuple. La nature reprend ses droits sur la cruauté des hommes. Puis on suit deux personnages découvrant la sphère lors d'une expédition en 1965. Dernier saut dans le temps: nous sommes en 2005 au Venezuela et faisons la rencontre du personnage principal: Keith, jeune irlandais trafiquant d'armes et d'or. Guidé par un chamane, il croise la route de Kaya, indienne au corps couvert de tatouages. Fuyant son frère spirituel, elle et Keith vont se mettre à la recherche de la fameuse sphère capable de détruire l'humanité, avant que Gabriel, un collectionneur malveillant et ancien étudiant du professeur Davis (un des deux hommes ayant participé à l'expédition de 1965) ne mette la main dessus.

"... Que la nature sacrifiée retrouve son intégrité et jaillisse à nouveau du néant des hommes..."

C'est un roman à la fois très dense, palpitant, et surtout unique en son genre. L'écriture d'Emma Lanero a déjà été décrite de nombreuses fois comme "foisonnante", et il est vrai que les descriptions sont extrêmement développées, en particulier celles de la nature. Elles sont aussi très sensorielles, ce que j'ai vraiment adoré. Grâce à cela, L'Oeil de Chaac est une oeuvre très immersive. Mais si son style est très descriptif, les scènes d'actions sont en revanche très rapides et saccadées, presque dures à suivre. On vit avec les personnages dans une société violente au Venezuela, dans une nature luxuriante au Guatemala. C'est un pur roman d'aventure, qui renvoie un petit air d'Indiana Jones, mais sans l'humour (uniquement au niveau de l'action),et sans aucun cliché auxquels la littérature jeunesse nous habitue parfois trop souvent. Ce n'est pas ici que tu trouveras une romance à faire fondre le cœur, l'univers est plutôt sombre et brutal. J'ai adoré les petits extraits du manuscrit qui étaient écrits à chaque début de chapitre car ils contribuent beaucoup à faire monter la pression et donc l’addictivité. Et puis la notion de la nature qui reprendrait ses droits sur l'humanité qui l'a détruite, c'est quelque chose que j'ai toujours beaucoup aimé.
La narration est selon moi très intéressante. Le roman est écrit à la troisième personne et nous offre plusieurs points de vues qui peuvent changer de manière subtile, non pas forcément en début de chapitre ou après un saut de ligne, mais dans la continuité d'une action, par le biais d'insectes la plupart du temps. En effet, un personnage voit par exemple un araignée, celle-ci est décrite durant quelques lignes, puis on change soudainement de point de vue, j'utilise le mot soudainement mais c'est à la fois inattendu et "doux" je dirais, puisque tout est dans la continuité, tout se lie. C'est très original et contribue encore davantage à mettre la nature en avant, rappelant une nouvelle fois qu'un être humain n'est qu'une infime poussière à côté de l'univers qui l'entoure.

"Le contact avec la terre la calma. Elle percevait ses vibrations alternées, des ondes bienfaisantes. [...] C'est l'heure où la terre était paisible. Elle ressentait des frémissements dans tous ses muscles, et une brise fraîche, presque froide, rampa et coula sur son cou. Les longues branches d'un vieil acajou bruissaient délicatement et ombraient les iris de ses yeux ternis par une souffrance refoulée. Des odeurs bleues se faufilaient dans ses narines dilatées. Les ombres grandirent et de l'obscurité jaillit un visage inquiet.
- Tu es sûre que ça va ?
Keith."

J'ai vraiment bien aimé les personnages. Tout d'abord, le roman a marqué un point énorme dès le début pour moi, en introduisant un personnage principal gay. Cela peut paraître anodin pour certains, mais c'est en réalité extrêmement rare, surtout dans des livres qui ne tournent pas autour du thème de l'homosexualité. Et surtout, le personnage n'est pas là pour remplir le "quota de minorité", il n'existe pas qu'à travers son orientation sexuelle comme on peut le voir beaucoup trop souvent, aussi bien dans les livres, que dans les séries ou les films. Il est bien au-delà de ça et est surtout le personnage principal. Alors un grand merci à l'autrice, la représentation de la diversité étant cruciale chez les minorités, mais je pense aborder ce sujet (qui est souvent sous-estimé voire même ignoré, mais qui est en réalité très important) plus en détails dans un ou deux prochains articles sur le blog. Voilà c'était la petite partie "militante" ah ah ! Repassons donc aux personnages. Keith et Kaya sont tous deux très attachants. Même si j'ai trouvé Keith un peu naïf parfois, c'est un personnage qui m'a beaucoup touchée et que j'ai profondément aimé, on sent peu à peu un lien très fort se tisser avec Kaya et cette amitié fille-garçon fait beaucoup de bien. Kaya est un très beau personnage. Tout d'abord j'ai beaucoup aimé le lien particulier qu'elle entretient avec la nature, elle est intrigante, intelligente, forte et courageuse. J'ai trouvé ça un peu dommage qu'elle soit aussi affaiblie à un moment donné du livre. C'est justement à partir de là que mon engouement est un peu retombé, même si ce n'est pas la seule raison. J'ai vraiment adoré suivre les personnages dans leurs aventures haletantes au Guatemala alors quand le cadre change, j'ai été un peu déçue, j'aurais voulu que cette espèce de course poursuite dure plus longtemps. Au fur et à mesure que les pages se tournaient la pression grandissait mais je l'ai sentie justement un peu retomber à ce moment, je n'étais plus autant happée par l'histoire, même si j'aimais toujours beaucoup ma lecture. Mais l'intrigue n'en est pas moins bien ficelée selon moi.
Après l'épilogue, nous avons quelques pages explicatives sur le symbolisme, le taoïsme, et le chamanisme, qui ont donné pour moi une toute autre dimension au livre. L'autrice propose ainsi plusieurs interprétations de son oeuvre, ce qui renforce encore de manière considérable l'originalité de cette oeuvre.

Ce roman était donc une expérience de lecture assez incroyable est inattendue, grâce à l'écriture très descriptive et sensorielle, aux thèmes abordés, aux personnages, et aux différentes notions que je viens très brièvement d'aborder (même si j'avoue que je n'y avais pas du tout pensé en lisant). Je recommande donc L'Oeil de Chaac à tous les amateurs.ices d'aventures et de civilisations perdues. Je t'invite également à lire cette interview d'Emma Lanero que j'ai trouvé très intéressante ;)
Je suis en tout cas très curieuse de connaître ses prochains livres !


En trois mots: immersif, palpitant, original (j'ai beaucoup hésité avec le mot "intéressant", puisque le fait qu'il soit si original le rend vraiment intéressant)


Excellent livre