Edition: HarperCollins(VO) / Milady (VF)
Parution: 2013 (VO) / 2017 (VF)
Nombre de pages: 250
Résumé: "Sahar a 17 ans et elle est amoureuse de sa meilleure amie, Nasrin, depuis l'enfance. Les deux jeunes filles ont échangé autant de baisers volés que de promesses d'amour éternel. Mais l'Iran est un pays dangereux pour les homosexuels : Sahar et Nasrin seraient battues ou même mises à mort si leur secret était révélé. Quand les parents de Nasrin décident de la marier, Sahar s'effondre. Son amie tente de lui démontrer que leur relation peut continuer dans le secret, mais Sahar ne peut s'y résoudre. La société ne l'autorise pas à partager la vie d'une femme. Et son cœur ne lui permet pas de partager l'amour de sa vie avec un homme. Cependant, les paradoxes d'un pays malade de sa religion fait que les mollahs lui permettent en revanche de vivre avec une femme, à la condition de devenir un homme. Si Sahar n'est pas la première héroïne de roman confrontée à la question " Jusqu'où suis-je prête à aller par amour ? ", elle est l'une des rares à se débattre avec la réponse : " J'irais jusqu'à changer de corps ". En prenant pour décor dans une société gangrenée par les archaïsmes de sa tradition, Sara Farizan nous offre un bouleversant roman d'amour et d'apprentissage."
Mon avis:
J'ai trouvé ce livre sur Goodreads lorsque je cherchais des romans qui abordaient l'homosexualité féminine étant donné que c'est très très rare, et encore plus en français. Celui-ci m'avait particulièrement tapé dans l’œil puisqu'il se déroule en Iran et que je ne connais pas grand chose de ce pays. Je savais que cette lecture allait être éprouvante c'est pourquoi je n'osais pas trop me lancer, mais j'ai fini par le faire et j'en ressors avec une forte envie de partager mon ressenti, parce que c'était une histoire touchante et déchirante, et parce que ce genre de livres est trop rare pour ne pas en parler.
L'intrigue débute sur une scène entre Sahar et Nasrin. Sahar nous raconte combien elle aime son amie d'enfance, que dès l'âge de 6 ans elle disait vouloir se marier avec elle, mais c'est aussi là qu'elle a compris que ce serait loin d'être aussi facile puisque sa mère lui interdit de dire une telle chose. Elles grandissent toutes deux en s'aimant en cachette jusqu'à ce que Nasrin soit promise en mariage. Tout s'effondre alors pour Sahar car un mariage les séparerait forcément et elle ne peut imaginer sa vie sans elle. Par chance, son cousin Ali est homosexuel et participe à beaucoup de fêtes où se rencontrent des personnes gays et transgenres, il ouvre ainsi les portes d'un tout autre monde à Sahar qui trouve alors ce qui est pour elle la seule solution: devenir un homme. C'est en effet une chose qui m'a beaucoup surprise au début: la transidentité est acceptée en Iran. Alors attention, c'est bien évidemment à nuancer, les personnes trans sont fortement discriminées et doivent rester discrètes sur leur passé, mais leur statut est reconnue et leur opération est en grande partie prise en charge par l'Etat (là aussi il faudrait nuancer en précisant qu'une personne trans n'a pas forcément envie de se faire opérer, mais en Iran elles sont obligées pour pouvoir vivre à peu près normalement et être reconnues). Mais changer de genre est très long et douloureux, et surtout, Sahar se sent fille, elle n'est pas un garçon. La situation devient alors très complexe pour elle qui aime éperdument Nasrin, mais une telle épreuve vaut-elle réellement le coup ? Dans un pays qui interdit fermement l'homosexualité, elle se retrouve condamner à changer de genre pour pouvoir aimer librement, mais Sahar ne sera-t-elle pas encore plus malheureuse en devenant un garçon ? Et l'amour de Nasrin est-il aussi fort qu'elle le prétend, elle qui est pourtant son opposé, continuera-t-elle d'aimer Sahar de la même façon si celle-ci n'a plus l'apparence d'une fille ?
Ce livre nous offre tout d'abord un personnage principal fort, ambitieux et déterminé. Sahar est follement amoureuse de Nasrin et c'est quelque chose qui la rend encore plus touchante. Nasrin est tellement différente d'elle que je me suis parfois demandée comment elles avaient même pu être amies. Alors que Sahar est studieuse et rêve de devenir chirurgienne, Nasrin n'aime pas l'école et rêve de devenir danseuse de Bollywood. Nasrin est aussi un personnage qui peut être parfois très égoïste, on doute souvent de ses sentiments envers Sahar. Je ne l'ai pourtant pas détestée. J'ai adoré Ali qui sait être très touchant, tout comme le père de Sahar, dépressif depuis la mort de son épouse, il aime profondément sa fille et déborde de gentillesse. J'ai également beaucoup aimé Parveen, une amie d'Ali qui fait découvrir la transidentité à Sahar et l'aide beaucoup à réfléchir et à effectuer certaines démarches. Ne me souvenant plus du résumé en commençant ce livre, j'ai été surprise que le thème de la transidentité soit si important dans l'intrigue et j'ai trouvé ça vraiment génial de lire un roman qui l'aborde en plus de l'homosexualité, au risque de me répéter qui est déjà un thème rare. C'est en revanche un peu dommage que les termes employés ne soient pas forcément les bons. Il est écrit par exemple uniquement transsexuel, alors que transgenre est en réalité bien plus correct puisque le mot transsexualité était avant utilisé pour désigner une maladie mentale dont serait atteintes les personnes transgenres. Ce serait vraiment dommage de jeter la pierre à ce livre pour ça mais il me semblait assez important de le clarifier.
Ce que j'ai particulièrement aimé dans ce livre, c'est que les personnages ne sont pas de totales victimes comme on aurait pu l'imaginer. L'Etat iranien est très ferme au sujet de l'homosexualité, c'est quelques chose qui est passible de mort, et même dans des pays où ce n'est pas le cas, on nous présente très souvent (trop peut-être, même s'il est évidement primordial de dénoncer) des personnages gays qui se font par exemple rejeter par leur famille, insulter, frapper, voire tuer, alors on s'attend forcément à ce que deux filles qui s'aiment en Irak subissent des choses terribles. Je ne minimise pas ce que Sahar et Nasrin endurent, devoir renier ses sentiments et son identité est quelque chose d'abominable, mais je veux dire par là qu'à aucun moment elles ne sont reniées par leur famille et elles ne sont jamais directement menacées. C'est aussi un livre très jeunesse donc on comprend que les protagonistes ne soient pas torturées ou tuées mais ça fait du bien, et heureusement parce que le fait qu'elles ne puissent s'aimer est déjà bien assez dur. J'ai un peu de mal à exprimer le fond de ma pensée alors j'espère que ça reste compréhensible, les rares représentations lgbt que l'on a autour de nous sont toujours très tristes alors voir des personnages qui ne se font pas taper dessus pour ce qu'ils sont, ça fait du bien, et ce livre est la preuve que de telles représentations sont possibles. L'amour qu'éprouvent nos deux protagonistes l'une pour l'autre est profond, puissant, magnifique, qu'il soit interdit déchire le cœur et peut nous faire rentrer dans une colère noire (et à juste titre) puisque la situation est horrible et profondément injuste, on se sent piégé et c'est pourquoi ça reste une lecture assez douloureuse, encore plus si on est directement concerné alors si c'est ton cas et que tu aimerais le lire, prépare toi et ne te force pas si tu ne t'en sens pas capable ♥
If you could be mine est ma troisième lecture en VO alors j'avais un peu peur qu'il me prenne du temps, sauf qu'il m'a suffit de deux jours pour le lire. Sara Farizan a une écriture agréable et très jeunesse, elle est donc très accessible pour des lecteurs assez jeunes (pas moins de 13 ans quand même je dirais, le récit reste difficile) ou si tu as envie de le lire en anglais. Le roman est court et se lit très vite, aussi parce que les personnages sont attachants, il n'y a pas de longueur, tout est très fluide et j'ai trouvé ce roman assez addictif même si on redoute la fin. Celle-ci est d'ailleurs peut-être un peu rapide à mon goût, quelques pages en plus n'auraient pas été de trop.
C'était donc pour moi une bonne lecture, à la fois plaisante, mignonne, et éprouvante. J'ai aussi appris des choses sur l'Iran et sur sa manière de traiter les personnes trans. Moi qui suis toujours à la recherche de romans inclusifs, avec beaucoup de diversité, j'ai été comblée par ce livre qui aborde à la fois l'homosexualité et la transidentité et c'est pourquoi j'avais vraiment besoin de vous en parler. On a besoin de livres de ce genre alors partageons-les.
En trois mots: beau, injuste, déchirant
Bon livre
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