Edition: La table ronde
Année de parution: 2008
Nombre de pages: 123
Résumé: "Antigone est la fille d'Œdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Après le suicide de Jocaste et l'exil d'Œdipe, les deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice se sont entretués pour le trône de Thèbes. Créon, frère de Jocaste et – à ce titre – nouveau roi, a décidé de n'offrir de sépulture qu'à Étéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Il avertit par un édit que quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n'ose braver l'interdit et le cadavre de Polynice est abandonné à la chaleur et aux charognards.
Seule Antigone refuse cette situation. Malgré l'interdiction de son oncle, elle se rend plusieurs fois auprès du corps de son frère et tente de le recouvrir avec de la terre. Ismène, sa sœur, informée de sa décision, refuse de la suivre, craignant sa propre mort.
Très vite, Antigone est prise sur le fait par les gardes du roi. Créon est obligé d'appliquer la sentence de mort à Antigone"
Mon avis:
J'ai du lire ce livre pour les cours, ne sachant pas trop à quoi m'attendre, et il s'avère que ce livre a frôlé la déception !
"Comprendre… Vous n'avez que ce mot-là dans la bouche, tous, depuis que je suis toute petite. Il fallait comprendre qu'on ne peut pas toucher à l'eau, à la belle et fuyante eau froide parce que cela mouille les dalles, à la terre parce que cela tache les robes. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas manger tout à la fois, donner tout ce qu'on a dans ses poches au mendiant qu'on rencontre, courir, courir dans le vent jusqu'à ce qu'on tombe par terre et boire quand on a chaud et se baigner quand il est trop tôt ou trop tard, mais pas juste quand on en a envie ! Comprendre. Toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieille. (Elle achève doucement.) Si je deviens vieille. Pas maintenant."
Cette pièce est une réécriture du mythe antique de Sophocle.
Le frère d'Antigone est mort et n'a pas eu droit à des obsèques, car d'après le roi, il n'en méritait pas. Alors, Antigone décide de braver l'interdit et d'enterrer elle même son frère. Elle se fait donc arrêter par les gardes, qui l’emmènent au roi. Cette violation de la loi lui vaudra une peine de mort.
"C’est bon pour les hommes de croire aux idées et de mourir pour elles."
Le personnage d'Antigone m'a laissée très mitigée. Je ne la comprends pas. J'ai beaucoup aimé sa façon de réfléchir et de voir le monde, l'idée qu'elle veuille mourir, d'accord, même si je pense qu'elle aurait dû expliquer pourquoi. Mais elle m'a vraiment déçue au cours des dernières pages, peu avant son exécution. En effet, elle n'était plus sûre de vouloir mourir et avait peur ! Mais si elle n'était pas sûre à 100 % de vouloir mourir, pourquoi avoir forcé la main au roi (il voulait lui laisser une chance et oublier ce qu'elle avait fait mais elle l'a provoqué par la suite) ? C'est idiot ! Ce n'est pas une décision que l'on prend sur un coup de tête. En plus, elle détruit tous ceux qui l'aiment, c'est d'autant plus idiot et égoïste !
J'ai bien aimé sa grande sœur, Ismène, mais l'auteur ne l'aurait-elle pas oublié, par hasard ? Elle disparaît d'un coup, on ne sait pas ce qu'elle devient.
"Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte... Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse! Je ne veux pas être modeste, moi, et de me contenter d'un petit morceau, si j'ai été bien sage."
Je trouve que l'intrigue n'a pas grand intérêt et que le récit est assez mal mené, surtout pour ce qui concerne l'oublie de Ismène. Franchement, pourquoi avoir réécrit cette histoire si c'est pour faire n'importe quoi ? Déjà que je n'aime pas les pièces de théâtre à la base, c'était encore plus énervant de lire celle-ci.
"Pauvre Créon ! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m'ont faits aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine."
Pour finir, c'est grâce à la façon de réfléchir d'Antigone (sauf à la fin bien sûr) que ce livre n'a pas été une déception, mais c'était vraiment limite. Je pense peut être lire la version originale, juste par curiosité ^^
Mitigée
Vu ton avis, je pense que ton professeur ne t'a pas expliqué le sens de la pièce et le sens de la figure d'Antigone... Jean Anouilh a réécrit le mythe tragique d'Antigone avec un but particulier : montrer que le monde n'a plus aucun sens, que les valeurs ont volé en éclat... (notamment à cause de la Première Guerre mondiale et les auteurs le suivant iront encore plus loin avec la découverte des camps). Pour exprimer cette vision d'un monde désormais vu comme n'ayant aucun sens, les dramaturges ont plusieurs choix avec par exemple le théâtre de l'absurde (je t'assure que là il n'y vraiment plus de sens, il n'y a plus d'intrigue...). Ce n'est pas le choix d'Anouilh. A travers Antigone, il montre à quel point le monde n'a plus de sens car à la fin, comme tu l'as très bien dit, Antigone ne sait plus pourquoi elle meurt. Elle meurt sans savoir pourquoi : on est d'accord sur le fait que cela n'a aucun sens. Et c'est donc bien fait exprès car c'est le moyen d'Anouilh pour exprimer sa nouvelle vision du monde. :)
RépondreSupprimerEffectivement, je pense que ce serait une très bonne idée de lire l'Antigone de Sophocle car tu verras qu'Ismène est aussi oubliée comme tu dis ^^
Après, je respecte totalement ton avis, et je comprends tes raisons mais il y a une raison à tout ça et après, soit on adhère, soi on n'adhère pas ^^