L'année de grâce - Kim Liggett

Autrice : Kim Liggett

Edition : Casterman

Parutions : 2020

Nombre de pages : 448

Quatrième de couverture :

Celles qui survivront ne seront plus jamais les mêmes.

« Personne ne parle de l’année de grâce. C’est interdit.
Nous aurions soi-disant le pouvoir d’attirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie. Notre peau dégagerait l’essence pure de la jeune fille, de la femme en devenir. C’est pourquoi nous sommes bannies l’année de nos seize ans : notre magie doit se dissiper dans la nature afin que nous puissions réintégrer la communauté.  Pourtant, je ne me sens pas magique. Ni puissante. »

Un an d’exil en forêt.
Un an d’épreuves.
On ne revient pas indemne de l’année de grâce.
Si on en revient.

Mon avis : 

Wow, quelle claque ! Je ressors de ma lecture les larmes aux yeux et le cœur serré. Ça faisait très longtemps que je n'avais pas été autant bouleversée par un roman, des années peut-être puisque je ne me suis réellement remise à la lecture que récemment. J'ai acheté ce livre sur un véritable coup de tête en librairie. Comme je suis un peu une revenante dans la littérature young adult, je suis complètement à la ramasse sur l'actualité livresque et je n'avais donc jamais entendue parler de L'année de grâce, c'est la couverture et le titre qui m'ont interpellé. Et quelle chance j'ai eu de tomber sur ce roman (en plus sans rien n'en connaître) puisque ce fut un coup de cœur fulgurant, comme on en a rarement, qui m'a même donné l'envie irrésistible d'écrire un article, chose que je n'ai pas faite depuis presque trois ans... Alors merci infiniment à ce livre !

"La magie est bien réelle. Peut-être pas de la manière dont certains l'entendent, mais il suffit d'ouvrir nos yeux et notre cœur pour la sentir partout, autour de nous et en nous. Elle attend juste que nous la découvrons."

Comme tout le monde, j'ai eu l'impression de replonger dans un genre de Hunger Games mais en version bien plus féministe. Et c'était pour mon plus grand bonheur parce que je suis une fan inconditionnelle de Hunger Games depuis l'âge de 13 ans, donc autant dire que ce livre m'a rappelé beaucoup de souvenirs et que je m'y suis vraiment bien sentie, ce qui est paradoxal puisque l'univers est très violent et froid, mais c'était un peu comme si je rentrais à la maison. J'ai également rapidement fait le lien avec The Handmaid's Tale (que je n'ai pas lu mais dont j'ai vu les deux ou trois premières saisons) car c'est une société particulièrement cruelle envers les femmes, et qui les poussent à se détester entre elles. Les femmes payent pour le comportement de Eve, elles seraient dotées d'une puissante magie qui est à leur paroxysme l'année de leur 16 ans, c'est pourquoi chaque année un nouveau groupe de jeunes filles est contrainte de passer un an dans la forêt avant de rentrer épouser leur promis (qu'aucune n'a évidemment choisie), afin de se purifier de leur magie. Durant cette épreuve, l'héroïne, Tierney, va frôler la mort, la folie, va connaître le pire mais aussi le meilleur : l'amour.  

"Tant de cruauté envers les filles. Que nous les mettions sur un piédestal pour mieux les broyer, ou que nous les exploitions corps et âme, nous sommes tous complices. Mais chaque petit geste compte, et je veux croire que de cette destruction naîtra quelque chose de bon." 

J'ai bien aimé la plume de l'autrice qui a su facilement me transporter dans l'univers. L’intrigue était très rythmée et j'avais toujours soif de connaître la suite. J'ai bien aimé les personnages même s'ils ne sont pas très différents de la plupart de ceux que l'on retrouve souvent dans la littérature young adult, une héroïne très courageuse qui est au départ l'ennemie numéro 1 du groupe, son amie un peu influençable et naïve mais touchante malgré tout, la leadeuse cruelle qui se prend pour la reine du village... et une romance, il est vrai, un peu sortie de nul part et également clichée mais qui fait quand même son effet puisque je l'ai adoré malgré tout.  

"Ils ont tout arraché, mais les mauvaises herbes ne se laissent pas faire comme ça. On peut les déraciner, brûler la terre où elles ont poussé, elles sont capable de rester en sommeil pendant des années et trouvent toujours le moyen de revenir. "

L'intrigue et l'univers m'ont complètement happée, les pages défilaient sans que je m'en rende compte. Depuis que je l'ai terminé, j'ai encore l'impression d'être dans la forêt avec ces personnages, c'est d'ailleurs pourquoi je ressens vraiment le besoin d'écrire un article afin de me libérer, moi aussi, de la magie de ce livre. 

J'ai été particulièrement touchée par la place qui est accordée à la sororité. Si dans une grande partie du livre les filles se détestent jusqu'à parfois se torturaient et s'entretuer, Tierney a toujours tenté de leur démontrer qu'il était important de prendre soin les unes des autres. Et vers la fin tout bascule, on sent enfin une force immense qui lie les femmes lorsqu'elles comprennent qui est leur véritable ennemi. On devine que tout doucement, les choses vont commencer à changer. 

"Cela peut paraître futile, comme une cause perdue d'avance, un détail invisible au yeux des hommes, mais ce n'est pas pour eux que nous le faisons. C'est pour nous. Pour les femmes des quartiers extérieurs et celles du comté. Les jeunes et les vieilles. Les épouses et les travailleuses. Lorsqu'elles verront de quel pas nous marchons, elles sauront que quelque chose a changé."

Ce livre m'a à la fois horrifiée, chamboulée et gonflée d'espoir. C'est un roman à couper le souffle et je sais que je ne suis pas prête de l'oublier. Alors si il vous tente, n'hésitez plus, en espérant très fort qu'il vous transporte et vous touche autant que moi. 

Coup de cœur